La publication du
Ministère de la Défense citait le Ministre-Adjoint de la Défense, Donald
Quarles :
« Cela prend plusieurs
années pour produire un nouveau système d’armement tel que le bombardier B-52.
Le problème du missile balistique est encore plus complexe et prend encore plus
de temps à cause des épineux problèmes techniques qui doivent être résolus. La
taille même de l’équipement et les centres d’essai ajoute aux difficultés.
D’après notre expérience, il faut beaucoup de temps entre les premiers tirs
d’essai et des armes pleinement opérationnelles. Nous n’avons aucune raison de croire que c’est différent pour eux (les
Russes). » Les italiques sont de mon fait.
La chronologie de
comment le Kremlin (avec l’aide non intentionnelle de la presse américaine et
des restrictions de sécurité de notre gouvernement) a bâti une image
terrifiante de superpuissance capable de conquérir le monde avec ses missiles
et bombes à hydrogène pourrait remplir plusieurs volumes. Mais je vais tenter
de la présenter sous une forme concise – car elle est non seulement fascinante
mais également très instructive.
26 août 1957 (déjà vu) :
TASS annonce un ICBM russe de longue portée et grande précision.
4 octobre 1957 : Les Russes
lancent Spoutnik I, le premier satellite de la Terre fabriqué par l’homme. Ils
disent que l’ICBM a rendu cela possible.
3 novembre 1957 : Spoutnik
II est lancé avec la chienne Laïka, d’après les Russes. Ce satellite est censé
être beaucoup plus lourd que le premier, « prouvant » que leur ICBM
est une arme redoutable.
15 mai 1958 : Spoutnik III est lancé, pesant 1.327 kg – ou
plus de quinze fois le poids de Spoutnik I (83 kg) et plus de deux fois et
demie celui de Spoutnik II (508 kg). En un court laps de temps de huit mois,
les Russes ont comme par magie multiplié la capacité de leurs ICBM
« opérationnels. » NdA : J’étais en Union Soviétique depuis un
mois quand j’ai appris à Odessa le lancement de Spoutnik III. Je ne pus croire
son poids : à ce moment j’avais observé trop d’aspects, tous primitifs et
inférieurs, de l’ingénierie russe en termes de technologie spatiale. Mais un
miracle encore plus grand devait encore se produire.
2 janvier 1959 : Les
Soviétiques annoncent le lancement de Lunik I, la première sonde spatiale à
passer près de la Lune et à se placer en orbite autour du Soleil. Le dernier
étage de la fusée qui a propulsé Lunik I dans le cosmos, d’après les Russes,
pesait 1.472 kg – sans le
carburant ! […] Personne – absolument personne – dans le monde libre n’a pu capter les signaux radio émis
par Lunik I. Et la plupart des stations de pistage professionnelles, avec leur
équipement ultramoderne, essayaient de les repérer. Dans le même temps en Union
Soviétique, n’importe quel membre d’un club radio amateur pouvait entendre les
signaux 5 sur 5 – c’est en tout cas
ce qu’affirmait l’agence de presse TASS.
7 janvier 1960 : les
Soviétiques annoncent aux navires la fermeture d’une zone 116.500 km2
au milieu de l’océan Pacifique, à 400 miles nautiques au sud des îles Johnston,
une possession américaine. L’objectif annoncé est soi-disant des tirs d’essai
de missiles balistiques de très longue portée. […]
21 janvier 1960 : les
Russes disent que leur première fusée tirée dans le Pacifique a effectué 12.500
km, le tiers de la circonférence terrestre à l’équateur, et a frappé à moins de
1,9 km de sa cible. […] Une précision de moins de 2 km était incroyable pour un ICBM à cette époque,
si elle était même possible. Les Russes, bien évidemment, n’avaient pas annoncé
à l’avance la cible choisie. […]
15 septembre 1961 : Lors d’une série d’essais vers le milieu
de l’océan Pacifique, les Russes annoncent que leurs missiles ont non seulement
voyagé sur 12.000 km mais sont tombés à moins d’un km de leur cible !
(C’est vraiment un exploit – si c’est vrai.) Là encore, en un court laps de
temps, la race soviétique de super-scientifiques a réussi à accomplir
l’impossible : ils ont amélioré le système de guidage de leurs ICBM par un
facteur de plus de trois en un an et sept mois. […]
L’image de la supériorité russe
en termes de missiles à longue portée était désormais bien établie dans
l’esprit de la plupart des gens partout – sauf chez ceux qui travaillaient dans
ce domaine. […] …le document précédemment classifié [auquel l’auteur a eu
accès, NdT] contenait un rapport et une description par l’équipage d’un avion
de la Marine volant plus ou moins dans la zone de l’océan fermée par Russes.
Ils observèrent un étrange phénomène – une flamme soudaine et de la fumée
provenant d’un bâtiment de surface au loin. Puis un objet s’éleva de la fumée,
avec toujours des flammes en bout de l’appareil. Leur rapport décrit ceci comme
étant incontestablement une fusée ou un missile lancé depuis un navire. Leur QG
vérifia le rapport. La fusée ou missile n’était pas à nous. Elle semblait être
dans la zone cible des Soviétiques.
…Peut-être suis-je trop empressé
à tirer cette conclusion, mais au vu de ce rapport de l’équipage de la Marine
je suis convaincu que les Soviétiques, dans le but de rendre perceptibles par
notre équipement de pistage leurs essais d’ICBM « longue portée, »
ont simplement tiré des fusées de moyenne portée dans la zone de test à partir
de bâtiments de surface installé le long de la périphérie de la zone.
Le reste de la chronologie est
décevant. Les Soviétiques continuèrent à lancer des satellites et sondes
spatiales « toujours plus grands et lourds » afin d’établir une
solide image de puissance militaire – alors que dans le même temps ils
clamaient que leurs « exploits spatiaux » étaient effectués au nom de
la paix. […]