Le 26 août 1957,
l’agence de presse officielle soviétique, TASS, annonça que la Russie avait
lancé avec succès un ICBM à une hauteur sans précédent et que cet ICBM avait frappé en plein cœur de
la zone cible. Aucun détail ne fut donné, mais dans une déclaration assez
générale TASS dit que ce succès du missile russe prouvait qu’aucun endroit sur
Terre n’était hors de portée des ICBM et qu’à partir de ce jour-là les forces
aériennes stratégiques étaient devenues obsolètes. TASS faisait bien entendu
référence aux bombardiers de l’US Strategic Air Command qui avaient réussi
jusque-là à contenir l’URSS, empêchant le Kremlin d’effectuer des manœuvres
agressives au-delà du rideau de fer, à travers le Proche-Orient et l’Europe.
Quatre ans et six jours plus
tôt, le 20 août 1953, l’URSS avait annoncé l’explosion d’une bombe H pour la
première fois. Georgyi Malenkov déclara au monde que : « Les USA ne
détiennent plus un monopole sur les bombes à hydrogène. » Cela fit
trembler les peuples du monde et surtout les USA. Sauf que, comme nombre
d’autres exagérations scientifiques de l’URSS, l’explosion d’une arme
thermonucléaire ne signifie pas qu’une bombe H livrable était disponible. Mais les
Soviétiques firent croire que c’était le cas. […] Pourtant, au moins deux ans avant que les États-Unis, avec toute leur technologie avancée et leur génie en matière d’ingénierie, n’aient été capables
de fabriquer une bombe H petite et suffisamment légère pour être transportée
dans le nez d’un missile, l’Union Soviétique avança qu’elle avait fait exploser
une arme thermonucléaire – du premier coup !
Encore plus incroyable est le
fait que personne ne mit en doute la parole du Kremlin. […]
L’enchaînement des événements
par les communistes se poursuivit dans l’ère des ICBM. D’abord les Russes
acquirent une bombe H – puis l’ICBM pour l’envoyer. Ils ont aussi
« battu » les USA, tout du moins verbalement, de plus de deux ans
dans le lancement « réussi » d’un ICBM. Mais il n’y a pas eu de
preuve réelle qu’ils avaient lancé un missile sur des distances
transcontinentales. Nos radars le long de la frontière turco-soviétique avaient
observé quelques essais de fusées mais les plus longs trajets couverts par
ceux-ci ne dépassaient pas 4.800 km. La plupart des vols se comptaient en
centaines de km. […] En d’autres termes, à l’époque, il n’y avait aucun moyen
de déterminer si les radars captaient un missile longue portée en vol ou une
coquille vide lancée devant eux afin de rendre la nouvelle d’un ICBM russe plus
crédible. De plus, personne hors de la Russie ne pouvait prouver la
précision du « missile, » vu que la zone cible n’avait pas été
donnée à l’avance.
[…]
…le président Eisenhower
attendit le 7 novembre, anniversaire de la révolution bolchévique, pour
apparaître à la télévision avec le nez en forme de cône de l’ICBM récupéré dans
l’océan et annoncer que les scientifiques des USA avaient résolu le problème de
réentrée [dans l’atmosphère]. C’était un
problème que beaucoup de scientifiques pensaient insoluble.
Dans le même temps, en revanche,
les Russes avaient lancé deux spoutniks et le monde était préparé à croire
qu’ils étaient capables de résoudre tous les problèmes associés aux sciences
aérospatiales. Il était accepté qu’ils avaient déjà perfectionné les missiles
balistiques aptes à la réentrée et une
bombe H livrable par missile… La question que presque personne ne semble poser
à cette époque est : Les Soviétiques mentent-ils à propos de leurs
ICBM ?
L’existence de cet ICBM était
tellement prise pour argent comptant que quand les Russes firent défiler une
fusée allemande V-2 dans les rues de Moscou pour célébrer leur révolution
bolchévique, United Press envoya l’histoire suivante aux USA :
« Moscou, 7 novembre 1957.
L’Union Soviétique en ce jour a présenté pour la première fois une fusée
officiellement identifiée comme un missile balistique intercontinental. Le
missile de 23 m de long faisait partie d’un des multiples armes secrètes à base
de fusées mises en avant sur la Place Rouge au cours des cérémonies commémorant
le 40ème anniversaire de la révolution bolchévique.
« L’agence de presse officielle soviétique TASS a identifié cette
énorme fusée comme étant un ICBM. Les observateurs militaires occidentaux qui
l’ont vue croyaient précédemment que c’était juste un missile de moyenne
portée. TASS n’est pas entrée dans les détails. »
Les « observateurs
militaires occidentaux » avaient, bien évidemment, raison. La fusée
paradée était bien de moyenne
portée : environ 1.000 km. Mais cela n’a pas empêché l’agence de presse
officielle soviétique de mentir pour entretenir le mythe florissant du puissant
arsenal russe composé de missiles géants.
[…]
Les deux reporters [James
Preston, The New York Times, et Henry
Shapiro, United Press, interviewèrent
Khrouchtchev à l’automne 1957] crurent que Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev
[à propos de l’existence d’un ICBM russe à tête nucléaire pouvant frapper n’importe où
dans le monde] disait la vérité et écrivirent de longs articles qui parurent en
première page de journaux à travers les USA. Pourtant au moment de ces
interviews les avions espions U-2 scannaient l’URSS depuis plus de deux ans et
demi et, selon un Conseiller Spéciale du Ministre de la Défense d’une période
encore plus tardive, Oliver M. Gale, aucune
preuve ne fut découverte d’une quelconque base de lancement d’ICBM ! […]
Pourquoi cette information n’a pas été
rendue publique après que le
programme des avions U-2 a été divulgué reste pour moi incompréhensible –
peut-être est-ce également le cas pour vous. Car la suppression de cette information
n’a fait que laisser quartier libre aux soviétiques pour renforcer leur image
d’une grande puissance en termes de missiles qui pouvait dominer le monde.
Autant que je sache, c’est la première fois que cette information est révélée
au peuple américain.
[…]