Machiavel



Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.

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samedi 19 mars 2016

Les Extra-Terrestres Sont Responsables du Réchauffement Climatique

Conférence de Michael Crichton – 17 Janvier 2003

[…]

1960 : un jeune astrophysicien nommé Frank Drake dirige un projet de deux semaines intitulé Ozma, afin de détecter des signaux extra-terrestres. Un signal est reçu, déclenchant l’exubérance générale. Il se trouve que c’était une erreur, mais l’exubérance a perduré. En 1960, Drake organise la première conférence SETI [Recherche d’Intelligence ET], et pondit la fameuse équation éponyme :

N=N*fp ne fl fi fc fL

N est le nombre d’étoiles dans la galaxie ; fp est la fraction comptant des planètes ; ne est le nombre de planètes par étoile capable de maintenir la vie ; fl est la fraction des planète où la vie évolue ; fi est la fraction où une vie intelligente évolue ; fc est la fraction capable de communiquer ; et fL est la fraction de la durée de vie de la planète pendant laquelle les civilisations communicantes existent.

Cette équation à l’air sérieux a fourni à SETI  une crédibilité quant à une investigation intellectuelle légitime. Le problème est, bien évidemment, qu’aucun de ces termes ne peut être connu, et la plupart ne peuvent même pas être estimés. La seule façon pour l’équation de fonctionner c’est en remplaçant les inconnues par des estimations. Et des estimations – que ce soit clair – sont simplement des expressions de préjudices. Il ne peut non plus y avoir « d’estimation logique. » Si vous devez établir combien de planètes abritant de la vie décident de communiquer, il n’y a tout simplement aucun moyen de faire une estimation crédible. C’est purement un préjudice.

Par conséquent, l’équation de Drake peut prendre n’importe quelle valeur entre « des milliards de milliards » et zéro. Une expression qui peut vouloir tout dire ne veut rien dire. Pour parler sans détour, l’équation de Drake n’a littéralement aucun sens, et n’a rien à voir avec la science. J’adopte le point de vue rigide affirmant que la science implique la création d’hypothèses testables. L’équation de Drake ne peut être testée et par conséquent SETI n’est pas de la science. SETI est sans aucun doute une religion. La foi est définie comme la croyance ferme en quelque chose pour lequel il n’existe pas de preuve. La croyance que le Coran est le verbe de Dieu est une question de foi. La croyance que Dieu a créé l’univers en sept jours est une question de foi. La croyance qu’il y a d’autres formes de vie dans l’univers est une question de foi. Il n’existe pas la moindre preuve qu’aucune autre forme de vie intelligente n’existe, et en quarante ans de recherche, aucune n’a été découverte. Il n’y a absolument aucune raison appuyée par des preuves de maintenir cette croyance. SETI est une religion.

[…]

Le fait que l’équation de Drake n’ait pas été accueillie avec les cris d’orfraie – similaires à ceux poussés à chaque nouvelle sortie créationniste par exemple – signifie qu’il y a désormais une faille dans l’armure, un relâchement de la définition de ce qui constitue une procédure scientifique légitime. Et très vite, les foutaises pernicieuses ont commencé à s’infiltrer à travers ces failles.
Sautons maintenant une décennie pour arriver aux années 1970 et à l’Hiver Nucléaire.

En 1975, l’Académie Nationale des Sciences a pondu un rapport sur « Les Effets Mondiaux à Long Terme de l’Explosion de Multiples Armes Atomiques, » mais le rapport estimait l’effet de la poussière soulevée par des explosions nucléaires comme étant relativement marginal. En 1979, le Bureau d’Évaluation de la Technologie publia un rapport sur « Les Effets d’une Guerre Nucléaire » et affirma qu’une telle guerre pouvait éventuellement produire des conséquences néfastes irréversibles sur l’environnement. Cependant, comme les processus scientifiques impliqués étaient mal compris, le rapport expliquait qu’il n’était pas possible d’estimer la magnitude probable de tels dégâts.

Trois ans plus tard, en 1982, l’Académie Suédoise des Sciences commissionna un rapport intitulé « L’Atmosphère à la Suite d’une Guerre Nucléaire : Le Crépuscule à Midi, » qui tentait de quantifier l’effet de la fumée produite par des forêts et des villes en proie aux flammes. Les auteurs spéculaient qu’il y aurait tant de fumée qu’un gigantesque nuage au-dessus de l’hémisphère nord réduirait la lumière solaire entrante en-dessous du niveau requis pour la photosynthèse, et que cela durerait pendant des semaines voire plus.

L’année suivante, cinq scientifiques dont Richard Tuco et Carl Sagan publiaient un document dans la revue Science intitulé « L’Hiver Nucléaire : Conséquences Globales de Multiples Explosions Nucléaires. » C’était le soi-disant rapport TTAPS, qui tentant de quantifier de manière plus rigoureuse les effets atmosphériques, avec la crédibilité supplémentaire acquis par l’utilisation d’un vrai modèle informatique du climat.

Le cœur de l’accomplissement du TTAPS consistait en une autre équation, jamais exprimée spécifiquement, mais que l’on pourrait paraphraser comme tel :

Ds = Wn Ws Wh Tf Tb Pt Pr Pe…… etc

(La quantité de poussière de la troposphère = le nombre d’ogives x la taille des ogives x l’altitude de détonation des ogives x l’inflammabilité des cibles x la durée d’incendie des cibles x les particules pénétrant la troposphère x la réflexivité des particules x l’endurance des particules… etc.)

La similarité avec l’équation de Drake est frappante. Comme pour cette dernière, aucune des variables ne peut être déterminée. Aucune. L’étude TTAPS s’attaquait à ce problème en partie en imaginant plusieurs scénarios et en attribuant des nombres à certaines de ces variables, mais même ainsi, les variables restantes étaient – et restent – tout simplement inconnaissables. Personne ne sait quelle quantité de fumée sera générée quand les villes seront en feu, émettant quels types de particules, et pour combien de temps. Personne ne connaît les effets du climat local, ou la quantité des particules qui seront injectées dans la troposphère. Personne ne sait combien de temps les particules resteront dans la troposphère. Etc.

Et rappelez-vous, ceci date d’à peine quatre ans après que l’étude de l’OTA a conclu que les processus scientifiques sous-jacents étaient trop mal connus pour permettre des estimations fiables. Quand bien même, l’étude TTAPS non seulement fait de telles estimations, mais conclut qu’elles étaient catastrophiques.
D’après Sagan et ses camarades de travail, même un échange nucléaire limité de 5.000 mégatonnes causerait une chute globale de la température de plus de 35 degrés centigrades, et ce changement durerait trois mois. Les plus formidables éruptions volcaniques dont nous avons la trace ont affecté les températures mondiales dans un ordre de 0,5 à 2 degrés centigrades. Les âges de glace ont affecté les températures globales de 10 degrés. Ici nous sommes face à une estimation trois fois plus grande que n’importe quel âge de glace. On pourrait s’attendre à ce que ce résultat prête à controverse.

Mais Sagan et ses camarades de travail étaient préparés, car l’hiver nucléaire fut dès le départ le sujet d’une campagne médiatique magistralement orchestrée. La première annonce d’un hiver nucléaire parut dans un article de Sagan dans le supplément du dimanche, Parade. Le jour suivant, une conférence de haut vol, bénéficiant d’une large publicité, sur les conséquences à long terme d’une guerre nucléaire, se tint à Washington, présidée par Carl Sagan et Paul Ehrlich, les scientifiques les plus célèbres et les mieux rôdés aux médias de leur génération. Sagan fut invité sur le plateau de l’émission de Johnny Carson 40 fois. Ehrlich, 25. À la suite de la conférence, il y eut des conférences de presse les réunions avec des membres du Congrès, etc. Les études officielles publiées dans Science le furent des mois plus tard.

Ce n’est pas ainsi que la science fonctionne, mais c’est ainsi que les produits sont vendus.

La véritable nature de la conférence est révélée par les visions d’artistes des effets d’un hiver nucléaire.

Je ne peux m’empêcher de citer la légende de l’illustration n°5 : « Montrée ici est une scène tranquille dans les bois septentrionaux. Un castor vient de terminer son barrage, deux ours noirs sont en quête de nourriture, un papillon à queue d’hirondelle volette au premier plan, un huard nage paisiblement, et un martin-pêcheur guette un gouteux poisson. » De la science concrète comme jamais.

Lors de la conférence à Washington, au cours des questions-réponses, on rappela à Ehrlich qu’après Hiroshima et Nagasaki, les scientifiques avaient affirmé que rien n’y pousserait pendant 75 ans, et pourtant des melons y ont poussé l’année suivante. Alors, lui demanda-t-on, quelles est la précision exacte de ses travaux ?

Ehrlich répondit en disant : « Je pense qu’ils sont extrêmement robustes. Les scientifiques ont pu faire de telles affirmations, bien que je ne puisse imaginer quel eut été leur fondement pour cela, même vu l’état de la science à ce moment, mais les scientifiques sortent toujours des affirmations absurdes, individuellement, en divers endroits. Ce que l’on fait ici, en revanche, est de présenter un consensus d’un vaste groupe de scientifiques… »

Je veux faire une pause ici et parler de cette notion de consensus, et de la montée de ce qu’on a appelé la science du consensus. Celle-ci est à mon avis un développement extrêmement pernicieux qui devrait être stoppé sur le champ. Historiquement parlant, l’affirmation d’un consensus a été le premier refuge des scélérats ; c’est une manière d’éviter le débat en prétendant que le sujet est déjà clos. Chaque fois que vous entendez dire qu’un consensus de scientifiques est d’accord sur un sujet ou un autre, cachez votre portefeuille parce que vous êtes en train de vous faire arnaquer.
Soyons clairs : le travail de la science n’a absolument rien à voir avec un quelconque consensus. Le consensus est le ressort du politique. La science, au contraire, ne requière qu’un seul chercheur qui ait raison, autrement dit qu’il ou elle a obtenu des résultats qui sont vérifiables dans le monde réel. Dans la science le consensus est hors de propos. Ce qui l’est en revanche ce sont les résultats reproductibles. Les plus grands scientifiques de l’histoire sont grands justement parce qu’ils se sont affranchis du consensus.

Il n’existe rien de tel qu’une science du consensus. S’il y a consensus, ce n’est pas de la science. Si c’est de la science, ce n’est pas un consensus. Point barre.

Laissez-moi vous remettre en mémoire que les résultats du consensus n’ont rien de glorieux.
Passons en revue quelques exemples.

Dans les siècles passés, la principale cause de mortalité chez les femmes était la fièvre puerpérale suivant l’accouchement. Une femme sur six en mourait. En 1795, Alexander Gordon d’Aberdeen suggéra que les fièvres étaient des processus infectieux, et il était capable de les guérir. Le consensus dit non. En 1843, Oliver Wendell Holmes affirma que la fièvre puerpérale était contagieuse, et avança des preuves accablantes. Le consensus dit non. En 1849, Semmelweis démontra que des techniques sanitaires éliminaient pour ainsi dire purement et simplement la fièvre puerpérale dans les hôpitaux où il officiait. Le consensus l’ignora et le renvoya. Il n’y avait en fait aucun accord sur la fièvre puerpérale avant le début du XXème siècle. Ainsi le consensus mit 125 ans pour en arriver à la conclusion correcte en dépit des efforts de « sceptiques » proéminents du monde entier, des sceptiques qui furent méprisés et ignorés. Et en dépit également du nombre régulier de mortes chez les femmes.

[…]

Ce que je suggère ici c’est que l’hiver nucléaire était une équation sans queue ni tête, pondue par une mauvaise science à des fins politiques. C’était de la politique du début à la fin, promue par une campagne médiatique bien huilée qui avait dû être planifiée des semaines voire des mois à l’avance.

Des preuves supplémentaires de la nature politique du projet tout entier peuvent être trouvées dans les réponses apportées aux critiques. Bien que Richard Feynman ait été particulièrement direct, disant, « Je ne pense vraiment pas que ces types savent de quoi ils parlent, » d’autres scientifiques importants étaient visiblement réticents. On rapporta que Freeman Dyson déclara « C’est un morceau de science absolument horrible mais…qui veut être accusé d’être en faveur d’une guerre nucléaire ? » Et Viktor Weisskopf dit, « La science est pitoyable mais peut-être la psychologie est-elle bonne. » La joyeuse équipe de l’hiver nucléaire répondit à la publication de tels commentaires par des lettres aux directeurs de publication niant que de telles affirmations avaient jamais été faites, bien que les scientifiques aient par la suite confirmé leurs opinions.

À l’époque, il existait un désir commun de la part de beaucoup de gens d’éviter une guerre nucléaire. Si l’hiver nucléaire paraissait si redoutable, pourquoi enquêter plus avant ? Qui aurait voulu ne pas être d’accord ? Seulement des personnes telles que Edward Teller, le « père de la bombe H. »

Teller déclara, « S’il est généralement reconnu que les détails sont encore incertains et méritent beaucoup plus d’études, le Dr. Sagan a néanmoins adopté la position consistant à dire que le scénario dans son ensemble est tellement robuste qu’il y a peu de doutes quant aux conclusions principales. » Pourtant pour la plupart des gens, le fait que le scénario de l’hiver nucléaire soit si criblé d’incertitudes ne semblait pas être pertinent.

Je dis que c’est extrêmement pertinent. Une fois que vous abandonnez l’adhérence stricte à ce que la science nous dit, une fois que vous commencez à arranger la vérité dans une conférence de presse, alors tout devient possible. Dans un contexte, peut-être obtiendrez-vous une mobilisation contre la guerre nucléaire. Mais dans un autre contexte, vous obtenez de la science-digne-de-Lysenko. Dans un autre, vous obtenez l’euthanasie Nazie. Le danger est toujours présent si vous orientez la science á des fins politiques.

C’est pourquoi il est si important pour le futur de la science que la ligne entre ce que la science affirme avec certitude, et ce qu’elle ne peut pas affirmer, soit clairement définie et défendue.

Qu’est-il arrivé à l’Hiver Nucléaire ? Au fur et à mesure que l’aura médiatique s’est effacée, son scénario robuste est apparu de moins en moins convaincant ; John Maddox, rédacteur en chef de la revue Nature, critiqua ses affirmations à de multiples reprises ; dans l’année, Stephen Schneider, l’une des figures principales dans la modélisation climatique, commença à parler « d’automne nucléaire. » Ça ne sonnait plus pareil.

Un ultime embarras médiatique arriva en 1991, quand Carl Sagan prédît sur Nightline que les incendies des puits de pétrole du Koweït allaient produire un effet d’hiver nucléaire, causant « une année sans été, » et menaçant les récoltes dans le monde entier. Sagan souligna que ce résultat était tellement probable que « cela devrait affecter les plans pour la guerre [en Irak]. » Rien de tout cela ne s’est produit.

Quelles, alors, ont été les leçons de l’Hiver Nucléaire ? Je pense que la leçon était qu’avec un nom accrocheur, une position politique forte et une campagne médiatique agressive, personne n’osera critiquer la science, et en un rien de temps, une thèse résolument ténue sera établie comme un fait avéré. Après cela, toute critique devient superflue. La guerre est déjà finie avant qu’un seul coup de feu ait été tiré.


[…]

[La suite traite de la pseudo-science derrière la peur du réchauffement climatique, ce qui est intéressant mais pas directement pertinent avec le thème du blog, NdT]