Machiavel



Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.

Machiavel

lundi 14 mars 2016

H. G. Wells cet inventeur de la bombe atomique

'The World Set Free' est un roman écrit par H. G. Wells en 1913 et publié en 1914. L'auteur y parle de la destruction du monde par des "bombes atomiques," montrant ainsi qu'il avait presque quarante ans d'avance sur son temps et inspirant des générations d'ingénieurs, militaires, et politiciens menteurs comme des arracheurs de dents. Il développe également son thème de prédilection: un nouvel ordre mondial prenant la forme d'une république unique bâtie sur les ruines du monde ancien. Ordo ab Chao donc, comme d'hab'.

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Son camarade, du genre moins imaginatif, était assis à cheval sur la longue boîte en forme de cercueil contenant les trois bombes atomiques, les nouvelles bombes qui continueraient à exploser indéfiniment et que jusqu’à présent personne n’avait vu utilisées sur le terrain. Jusque-là, le carolinum, leur composant essentiel, n’avait été testé qu’en quantités infinitésimales à l’intérieur de chambres en acier engoncées dans du plomb. Chap. II, section 3

La bombe produisit un flash aveuglant écarlate en plein vol, et tomba, formant une colonne de feu tournant en spirale au milieu d’un tourbillon. Chap. II, section 3

Appliqué à la guerre cela signifiait que le pouvoir d’infliger un coup, le pouvoir de détruire, augmentait continuellement. Il n’y avait aucune augmentation de la capacité d’y échapper. N’importe quel type de défense passive, d’armure, de fortifications, etc., était dépassé par cette augmentation fulgurante du côté destructif. Chap. II, section 5

…les bombes atomiques furent lancées sur les digues. Elles rendirent un puissant son de tonnerre dans le ciel, et tombèrent tel Lucifer sur la gravure, laissant derrière elles une traînée lumineuse dans le ciel. La nuit, qui avait été pellucide et détaillée et riche en événements, semblait avoir disparu, pour être remplacée tout d’un coup par un fond noir faisant ressortir ces terribles piliers de feu
Peu après le coup de tonnerre vint une bourrasque assourdissante, et le ciel fut rempli de lumières clignotantes et de nuages se mouvant à grande vitesse…
[…]
J’ai vu les bombes tomber, puis j’ai regardé une vive lueur écarlate bondir en réponse à chaque impact, et des masses montagneuses de vapeur d’une teinte rouge et des morceaux de shrapnel voler vers le zénith. Chap. II, section 8

Les bombes atomiques avaient réduit les problèmes internationaux au rang de petits détails insignifiants. Quand nos esprits s’éloignaient des préoccupations concernant nos besoins immédiats, on spéculait sur la possibilité de mettre un terme à l’utilisation de ces explosifs terrifiants avant que le monde ne soit complètement annihilé. Parce qu’il nous semblait plutôt évident que ces bombes ainsi que le pouvoir de destruction encore plus grand dont elles étaient les précurseurs auraient pu facilement briser n’importe quelle relation ou institution de l’humanité. Chap. II, section 9

Il avait une conviction limpide, que la guerre doit prendre fin, et que la seule façon de mettre un terme à la guerre est d’avoir un gouvernement unique pour l’humanité entière. Chap. III, section 1

…la conférence qui devait donner naissance à un nouvel ordre dans le monde. Chap. III, section 1

Les gouvernés feront montre de leur accord par le silence. Chap. III, section 2

La science,’ s’écria le roi présentement, ‘est le nouveau roi du monde.’ Chap. III, section 3

Et maintenant, après le choc des bombes atomiques, les masses de population qui s’étaient réunies jusque-là dans les centres-villes miteux de cette période furent dépossédées et éparpillées dans les zones rurales environnantes. C’était comme si une force brutale, devenue finalement impatiente à cause de l’aveuglement des hommes, avait, avec l’intention délibérée de réarranger les populations selon un modèle plus sain, fait trembler le monde. Les grandes régions industrielles et les grandes villes qui avaient échappé aux bombes étaient, du fait de leur effondrement économique complet, dans une situation aussi catastrophique que celles qui brûlaient, et la campagne était en désordre dû à une multitude d’étrangers errants sans foi ni loi.

C’est une chose remarquable qu’aucun récit complet contemporain de l’explosion des bombes atomiques n’existe.

Les phénomènes, on doit le rappeler, changeaient grandement d’un jour à l’autre, et même d’une heure à l’autre, au fur et à mesure que les bombes se déplaçaient, jetaient des fragments ou entraient en contact avec l’eau ou un sol plus ou moins dur. Barnet […] mentionne de massifs nuages de vapeur. […] Il parle également du grondement distant de l’explosion – ‘comme des trains passant sur des ponts en fer.’

…ils témoignent tous d’un énorme nuage de vapeur.

l’explosion incessante de la substance radioactive.

Il y a des récits de bouffées de vapeur lumineuse radioactive se déplaçant parfois sur des dizaines de km depuis l’épicentre des explosions et tuant et brûlant tout ce qu’elles recouvraient.

Sur la carte de pratiquement chaque pays du monde figurent trois ou quatre cercles rouges, d’une trentaine de km de diamètres, marquant la position des bombes atomiques en désintégration et les zones mortes que les hommes ont été forcés d’abandonner autour d’elles.

Chap. IV, section 3

Les radiations bouffent la peau des gens.

‘On m’a dit,’ expliqua Barnet, ‘que Paris ne sera pas susceptible d’être habitée avant plusieurs générations.’

Chap. IV, section 4

La population fut incroyablement apprivoisée par cette année de souffrance et de mort ; elle perdit les illusions héritées de ses traditions, fut privée de préjudices jusque-là bien ancrés ; elle se sentit aliénée dans un monde étrange, et prête à suivre n’importe quel leader pourvu de confiance en soi.

Le système capitaliste avait déjà éclaté au-delà de toute réparation possible par l’avènement d’or et d’énergie sans limite ; il tomba en morceaux à la première tentative de le remettre sur pieds.

Chap. IV, section 6

…le monde était divisé en dix circonscriptions… [Apocalypse, quelqu’un…?] Chap. IV, section 9

La catastrophe des bombes atomiques qui décrocha les hommes des villes, des affaires, et des relations économiques les décrocha également des vieilles habitudes de pensée fermement établies, et des croyances et préjudices ne reposant sur pas grand-chose et qu’ils tenaient du passé.

Le choc moral des bombes atomiques avait été profond, et pendant un moment le côté rusé de l’animal humain fut mis en sourdine par la réalisation sincère du besoin vital de reconstruction.

Le nouveau gouvernement découvrit très tôt le besoin d’une éducation universelle afin que les hommes correspondent aux conceptions de son pouvoir universel.

‘…La philosophie, les découvertes, l’art, tout talent, tout service rendu, l’amour : tels sont les moyens pour échapper à l’étroite solitude du désir, cette préoccupation menaçante du soi et des relations égoïstes, qui est l’enfer pour les individus, la trahison pour la race, et l’exil de Dieu…’

Chap. IV, section 11

Le penseur scientifique au fur et à mesure qu’il élargit les problèmes moraux à la vie collective, tombe inévitablement sur les paroles du Christ, et tout aussi inévitablement le Chrétien, au fur et à mesure que sa pensée s’éclaircit, en arrive à la république mondiale. Chap. IV, section 12

‘Vous savez, Monsieur, j’aime à penser – ces choses-là sont difficiles à prouver – que la civilisation était sur le point de s’effondrer quand les bombes atomiques sont venues la percuter, et que s’il n’y avait pas eu d’Holsten et pas de radioactivité induite, le monde se serait planté à peu près comme il l’a fait. Seulement au lieu qu’il se plante de telle manière à laisser la place à des choses meilleures, il aurait pu se planter sans chance aucune de rémission. Cela fait partie de mes occupations de comprendre l’économie, et de ce point de vue le siècle précédent Holsten n’a été qu’un crescendo de gâchis. Seul l’individualisme extrême de cette période, seul son manque absolu d’une quelconque compréhension ou finalité collectives peuvent expliquer un tel gâchis. L’humanité gaspillait des matériaux de manière insensée. Chap. V, section 5

‘Karenin ?’ demanda Rachel, ‘voulez-vous dire que les femmes doivent devenir des hommes ?’
‘Les hommes et les femmes doivent devenir des êtres humains.’

‘…Je me suis mis à lire les vieux documents sur les mouvements pour l’émancipation des femmes qui étaient à l’œuvre avant la découverte de la force atomique. Ces choses-là qui commencèrent avec le souhait d’échapper aux limitations et la servitude du sexe, finirent en une affirmation enflammée du sexe, et les femmes en héroïnes plus que jamais.

Chap. V, section 7

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Tout le monde vante les talents de visionnaire de Verne, mais qu'en est-il d'H. G. Wells? Les bombes atomiques, les limites du féminisme, le NOM...? Il est temps qu'on le réhabilite!